Skip to main content

Une Histoire de l’écriture par Jackie Stewart

By 20 octobre 2014décembre 4th, 2021MyBlog

Partie 1 – Des premières écritures jusqu’à la période de Gutenberg

L’histoire des écritures est longue et complexe car il existe autant d’écritures que de langues. De nombreuses écritures et alphabets se sont développés simultanément tout au long de l’histoire pour correspondre, à une époque donnée, à une volonté de communication optimale avec les techniques disponibles du moment. Une bonne connaissance des grandes étapes de cette histoire est fondamentale pour comprendre le tournant que représente l’avènement du numérique et son impact sur la communication au travers du web.
Voici un résumé global de la filiation des langues et de l’évolution des écritures jusqu’à l’apparition de la typographie, des méthodes d’impression et des nouveaux médias.
-3400 av. J.-C, C’est en Egypte que nous retrouvons les premières formes d’écriture. L’écriture hiéroglyphique est sacrée et gravée usuellement sur la pierre. Elle représente des objets de la vie courante comme des objets de commerce, des animaux domestiques ou sauvages, mais aussi des figures humaines de notables, de rois et bien sur, des représentations de divinité. Utilisés pendant plus de 3000 ans ces hiéroglyphes étaient gravés avec un grand soucis de détails car chaque élément graphique apportait une information précise sur le contexte mais aussi de façon pragmatique sur le sens de lecture, rendant ces éléments indispensables à l’interprétation du symbole dans le texte. Chaque hiéroglyphe était considéré comme une œuvre d’art à part entière. Ils deviendront plus tard, des hiéroglyphes dits « linéaires » qui ont marqué une évolution vers des représentations plus symboliques, plus simple à écrire avant d’évoluer eux mêmes vers les hiéroglyphes « hiératiques » qui ne représentent plus directement des objets mais des concepts, voire des signes totalement arbitraires. On évolue vers les alphabets modernes.
-3200 av. J.-C. Au cœur du berceau de la civilisation Sumérienne, en Mésopotamie, se constitue la première civilisation véritablement urbaine qui marque la fin de la Préhistoire au Moyen-Orient. Les Sumériens façonnaient de petites figurines en terre cuite qui représentaient des objets. Des empreintes étaient réalisées en appuyant le coin d’un stylet (écriture cunéiforme) sur de la terre glaise. C’est ainsi que l’écriture cunéiforme marque le véritable début d’un alphabet basé sur des symboles abstraits et sera rapidement utilisées pour établir des contrats d’échange et faciliter l’émergence de l’économie.

Section

-3000 av. J.-C, Sans réel rapport avec l’écriture latine, la Chine à inscrit sa propre évolution dans l’évolution des écritures. L’écriture chinoise est connue pour ses gravures ancienne d’idéogrammes sur des carapaces de tortues. Elle comporte plus de 3000 caractères et cette écriture est resté relativement inchangée depuis.
-2000 av. J.-C, La civilisation Cananéennes (région correspondante à l’Israël et la Palestine) empruntent des deux civilisations proches (Sumérienne et Egyptienne) certains de leurs caractères pour construire 23 signes sans connotation phonétique. L’apparition de plusieurs facteurs comme notamment l’apparition du monothéisme, va conduire la civilisation Cananéenne à tenter une synthèse entre les hiéroglyphes Egyptiens, débarrassé de certaines images, et les langues sémitiques des peuples du Sinaï et de l’Est de l’Afrique. Les premiers alphabets dits proto-cananéens, vont devenir l’alphabet Phénicien, précurseur des alphabets modernes Hébreu, Arabe, Grec et Latin.
Dans la même période, la civilisation Crétoise va développer une écriture également mixte faite d’idéogramme et de signes, le linéaire A et B à l’époque Minoenne.
-1200 av. J.-C, la civilisation Syrienne développe l’alphabet Phénicien (celui ci sera par la suite l’origine des alphabets Hébreu, Arabe, Grec et Latin). Directement dérivé de l’alphabet proto-cananéen ce sera un alphabet qui est composé de 22 consonnes dont chaque une représente un son phonétique (souvent le premier son d’un mot qui commençait par des consonnes). Ces symboles étaient abstraits et ne représentent donc pas des image ou des idéogramme. Il se lisait de droite à gauche, c’est un alphabet linéaire (par opposition au cunéiforme) qui sera repris par les Grecs qui le feront évoluer vers les alphabet modernes. La transition entre alphabet cunéiforme et linéaire s’est aussi accompagnée d’une modification des techniques et des supports d’écriture: Le cunéiforme passe par une encoche au stylet sur une terre glaise et souvent une cuisson pour maintenir l’écriture pérenne, alors que l’écriture sur Papyrus, abondant sur les rives du Nil, est plus léger mais plus fragile et se dégrade avec le temps. Les supports vont donc varier en fonction de l’importance de l’utilisation des textes. Gravé sur pierre ou sur métal pour les lois et les hommages aux rois et aux dieux, les contrats commerciaux ou les lettres personnelles utilisent des portions de poterie ou du Papyrus, des tablettes de cires ou de bois.
-700 av. J.-C, Ces sont les Grecs qui poursuivront l’évolution de l’alphabet Phénicien, en apportant des modifications de noms aux consones et surtout par l’addition des voyelles. Cette adaptation va être réalisée dans l’objectif de représenter avec plus efficacité la langue grecque parlée et pour cela il va y ajouter 2 puis 4 lettres. Au début, les mots s’écrivaient sans séparation entre les mot, puis les séparations furent introduites, enfin les accents. Toutes ces adaptations apparues dans plusieurs villes en même temps, ce qui explique qu’il existait plusieurs variantes de l’alphabet Grec jusqu’en -400. Archinos fit adopter une disposition visant à imposer un seul alphabet (l’ionien) pour consigner les textes de lois, alphabet qui devient alors rapidement l’alphabet de référence.
-600 av. J.-C, C’est en Italie dans la région de l’actuelle Toscane, que l’alphabet Etrusque verra le jour directement inspiré de l’alphabet grec et de ses colonies proches (Ischia). Les textes étrusques les plus anciens sont des abécédaires. Il comporte 26 lettres dont 5 voyelles. Les lettres B et D furent délaissées ainsi que le K, sauf devant le A. Les lettres X et M ne sont plus utilisées, alors qu’un graphème nouveau (le effe « 8 ») apparaît pour la consonne F.

-200 av. J.-C, A titre de référence, d’autres écritures apparaitront indépendamment en Amérique Centrale, écritures surtout composées des pictogrammes, d’idéogrammes et de quelques constructions phonétiques.

-100 av. J.-C, Rome : Des rois étrusques régnèrent sur Rome jusqu’au IVème siècles avant J.C. date à laquelle les peuplades originaire du Latium les chassèrent. Ces Latins, qui seront les futurs Romains, empruntèrent l’alphabet Etrusque pour transcrire leur langage. Cet alphabet fait uniquement de lettre capitale va devenir l’écriture par défaut dans le monde occidental. Les romains ont étudié la proportion des lettres d’une manière si précise qu’il reste une grande référence pour toutes les règles typographiques que nous connaissons. Initialement fait de 23 lettres, les Romains réintroduisent les lettres V, F et G, alors que les lettres J, U et W enrichissent l’alphabet pour transcrire certaines langues d’Europe du Nord. Les lettres étaient essentiellement gravées sur la pierre sur des monuments dédiés à leurs récits de victoires. Par rapport à l’écriture Grecque, les Romains, certainement plus soucieux de rendre leurs inscriptions lisibles en toutes circonstances, ont différencié davantage les lettres rondes et carrés, larges et étroites, en les alternant dans le mot, ont séparés les mots dans les lignes, elles-mêmes judicieusement espacées entre elles. Si l’écriture des Grecs était structurée, s’intégrant harmonieusement dans l’architecture, elle n’était pas toujours très bien lisible, bien que facilement déchiffrable. Par contre, l’écriture romaine, même avec ses aspects un peu négligés et inesthétiques, rigide, reste toujours lisible. Cela pose quelques interrogations sur la lisibilité en général, car ce problème de l’écriture cadencée, déchiffrable par rapport à l’écriture rythmée et plus lisible, nous le retrouvons à travers toute l’histoire de notre écriture, jusqu’à nos jours où il prend, nous le verrons, une acuité particulière sur les supports digitaux.
J’aborderai plus loin les spécifications des espacements, des interlignes et des ligatures de cet alphabet qui jouent tous un rôle fondamental dans la lisibilité de cette écriture dont nous avons directement héritée.

850 après J.C, Les écritures Gothiques se répandent de plus en plus dans les pays germaniques, mais chaque pays développe sa propre écriture gothique (a ne pas confondre avec l’alphabet gotique de Wulfila).

« La gothique est une minuscule manuscrite qui utilise de nombreuses abréviations et ligatures. Les premiers caractères typographiques créés reprennent les écritures gothiques en usage. Les polices vont évoluer selon leur logique propre avec le temps. On va créer des capitales et des caractères particuliers pour disposer de polices complètes, qui auront peu à voir avec les écritures manuscrites d’origine. » (1)

1500 après J.C, Nous retrouvons les humanistes, écritures a formes arrondies et « penchées ». Ce sont nos lettres italiques.1700 après J.C, Les écritures classiques telles que la Ronde, et la Coulée, sont les écritures que nous apprenons à l’école dans nos générations actuelles. Elles seront utilisées pour les premières publicités réalisées en lettres peintes à la main

Leave a Reply